Crypto-monnaie : quels pays comptent le plus de propriétaires ?

Un pain payé en bitcoin sous le soleil du Salvador, des étudiants singapouriens qui échangent des jetons numériques entre deux partiels… Qui aurait misé sur ces capitales inattendues pour réinventer la finance ? La carte des pays champions de la crypto-monnaie secoue les idées reçues : ce ne sont pas toujours les centres financiers ultra-modernes qui mènent la danse.

Derrière chaque écran, une nouvelle géopolitique monétaire se dessine à coups de portefeuilles numériques. Où ces monnaies virtuelles s’ancrent-elles vraiment ? Le classement mondial dévoile des outsiders qui bousculent le jeu, loin des clichés et des parquets feutrés de Wall Street.

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Panorama mondial : où la crypto séduit-elle le plus ?

La répartition géographique des adeptes des crypto-monnaies renverse les codes des grandes places financières. D’après les dernières évaluations, plus de 420 millions d’utilisateurs possèdent aujourd’hui des actifs numériques sur la planète. Et le trio de tête réserve quelques surprises.

  • L’Inde prend la première place, avec près de 80 millions d’utilisateurs. Ici, une jeunesse ultra-connectée et un tissu de start-up florissant propulsent l’usage des plateformes d’échange.
  • Les États-Unis arrivent juste derrière, forts de plus de 46 millions d’utilisateurs. Avec un marché valorisé à plus de 1 000 milliards de dollars, l’Amérique surfe sur la vague du bitcoin et l’essor de nouveaux véhicules financiers régulés.
  • Le Nigeria s’impose comme l’ovni du podium : 22 millions d’utilisateurs, soit près d’un adulte sur dix. Ici, la crypto compense les failles d’un système bancaire inaccessible pour beaucoup, et sert de monnaie d’échange au quotidien.

De l’autre côté de l’Atlantique, la Colombie et le Brésil dépassent chacun les 10 millions d’utilisateurs, séduits par la stabilité relative du bitcoin face à des devises nationales malmenées. En Asie, le Vietnam et les Philippines se distinguent, portés par le paiement mobile et les transferts internationaux éclairs.

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La géographie des propriétaires de crypto-monnaies s’appuie sur la quête de nouvelles solutions d’épargne, l’appétit pour l’innovation et un scepticisme croissant envers les devises traditionnelles. Les marchés émergents prennent leur revanche et réinventent l’usage des crypto-actifs à grande échelle.

Pourquoi certains pays affichent-ils des taux de détention record ?

Ce n’est pas un hasard si certains territoires affichent des concentrations inédites de propriétaires de crypto-monnaies. Volatilité des monnaies nationales, restrictions sur les transferts de capitaux, défiance envers les banques : autant de déclencheurs d’une adoption accélérée.

  • En Amérique latine, l’inflation persistante pousse particuliers et entreprises à sécuriser leur épargne via le bitcoin. Pour les Colombiens, Argentins ou Vénézuéliens, les transactions crypto deviennent une soupape face à la fragilité des devises locales.
  • En Afrique, c’est l’absence de réseau bancaire classique qui dope l’adoption. Grâce à la blockchain, les transferts de fonds transfrontaliers se font en quelques clics, offrant une alternative rapide et peu onéreuse à des millions de personnes exclues du système financier.

Les choix politiques pèsent aussi lourd dans la balance. Au Salvador, le bitcoin a été hissé au rang de monnaie officielle, bouleversant le paysage économique local. À l’inverse, la banque centrale nigériane privilégie une régulation souple et des avantages fiscaux sur les gains en capital issus des plus-values.

La fiscalité fait pencher la balance : dans les pays où l’impôt sur le revenu ou les taxes sur les plus-values restent limités, la crypto attire. À l’opposé du spectre, la Chine multiplie les restrictions, freinant l’adoption malgré une fascination intacte pour la blockchain.

C’est donc la rencontre explosive entre instabilité monétaire, innovations et politiques publiques qui redessine la carte de l’adoption des crypto-monnaies.

Portraits de leaders : zoom sur les nations en tête du classement

Oubliez le cliché du trader new-yorkais : les champions de l’adoption des crypto-monnaies se trouvent ailleurs. Les chiffres récents bousculent les repères : les taux de détention les plus impressionnants sont rarement l’apanage des économies les plus riches.

  • Le Vietnam décroche la médaille d’or : près d’un adulte sur cinq détient des crypto-actifs. Cet engouement s’explique par une culture entrepreneuriale effervescente et un accès limité aux banques classiques.
  • La Turquie suit de près, avec un taux flirtant avec les 18 %. L’effondrement de la livre pousse les épargnants à miser sur le bitcoin et ses cousins numériques.
  • Le Nigeria ferme la marche du podium avec plus de 16 %. Ici, les jeunes urbains font des crypto-monnaies leur couteau suisse pour envoyer de l’argent, épargner, ou régler une facture de façon instantanée.

Plus loin sur la carte, les États-Unis et l’Inde affichent des volumes impressionnants : respectivement plus de 40 et 50 millions d’utilisateurs. Mais rapporté à leur population adulte, leur taux de pénétration reste sous la barre des 10 %, taille du marché oblige.

Le marché mondial des crypto-monnaies pèse désormais plus de 2 000 milliards de dollars, alimenté par une base d’utilisateurs en expansion rapide sur tous les continents. Les pays émergents donnent le tempo et imposent leurs usages, bien loin des centres financiers traditionnels.

portefeuille numérique

Ce que la répartition géographique révèle sur l’avenir des crypto-monnaies

Voir les crypto-monnaies s’ancrer dans les économies émergentes, ce n’est pas un simple effet de mode. Ce glissement traduit la recherche de solutions face aux monnaies chancelantes, à l’inflation galopante ou aux freins sur la circulation des capitaux. La blockchain séduit parce qu’elle s’affranchit des banques, offrant un accès direct à l’épargne et à l’investissement, sans filtre.

L’émergence des ETF bitcoin spot aux États-Unis et la montée en puissance de produits comme le Grayscale Bitcoin Trust montrent que les investisseurs institutionnels ne veulent plus rester à l’écart. Ces outils financiers ouvrent la porte à un nouvel afflux de capitaux et confèrent à l’écosystème une légitimité inédite.

  • En Asie, le durcissement du gouvernement chinois n’a pas tari la soif de crypto : le marché parallèle reste bien vivant.
  • En Europe, le règlement MiCA pose les fondations d’un nouveau cadre, permettant aux entreprises et aux investisseurs professionnels d’entrer dans la danse en toute légalité.

L’avenir des transactions crypto-monnaies se jouera autant sur les bancs des parlements que dans les laboratoires de l’innovation. Le déséquilibre actuel de la carte mondiale n’est qu’un point d’étape : bientôt, l’adoption ne sera plus l’exception, mais la règle. Reste à savoir qui, demain, tiendra vraiment les rênes de cette révolution monétaire.